Qu’est-ce-que le « cuir » de pomme végan ?

Cela ressemble à du cuir mais ce n’est pas du cuir ! Le « cuir » de pomme est fabriqué à partir de pelures de pommes recyclées mélangées à une résine végétale, le poluyréthane et à de l’huile de ricin. Biodégradable, il est vegan, c’est-à-dire qu’il ne provient pas de la peau morte d’un animal. Et sa mise au point n’a donné lieu à aucune expérimentation sur nos amis les bêtes. D’autres « cuirs » végan existent, synthétiques ou plus écologiques et fabriqués à partir de végétaux, tels que l’ananas (pinatex), le raisin (Végéa) ou encore le champignon (muskin). Amateurs de mode et de belles choses, réjouissez-vous ! La texture sensuelle du cuir végan inspire les créateurs qui façonnent de nouvelles collections enfin écologiquement responsables.

Que vous soyez vegan ou pas, vous considérez à juste titre que l’industrie du cuir est très polluante et que son traitement pour les besoins de la mode (vernis, métallisés) est une calamité pour la planète. Les tanneries arrivent effectivement en 4ème position dans le classement annuel des pires contaminations toxiques de la planète établi par le Blacksmith Institute en raison de l’utilisation du chrome. Au delà de son caractère polluant, le tannage au chrome est très toxique et a des effets délétères sur la santé humaine. Sans surprise, ces tanneries sont le plus souvent situées dans les pays en développement.

5% de Français végans, mais une tendance montante

En France, le tannage végétal, moins polluant que le chrome, progresse. Mais rappelons toutefois que le cuir est la peau d’animal préalablement occis. Et c’est là le problème pour une personne végane. Elle refuse toute forme d’exploitation des animaux et s’interdit toute consommation de produit d’origine animale que ce soit dans l’alimentation (viande, poisson, lait, œufs, miel, etc.), les cosmétiques (cire d’abeille, etc.) et la mode (laine, cuir, soie). On estime aujourd’hui à environ 5% de consommateurs végan en France, mais il semblerait que ce soit un prise de conscience de fond plutôt qu’un éphémère effet de mode.

Car la consommation de produits animaux et notamment le boeuf ont une empreinte carbone élevée. Réduire les émissions de gaz à effet de serre passe donc par une baisse de notre consommation d’animaux, comme le souligne en avril 2022 le directeur de recherche de l’INRAE.

Source: Poore, J., & Nemecek, T. (2018) cité par l’article de Polytechnique Insight

Transformer un déchet végétal en matériau chic et précieux !

Dieu merci pour l’environnement (et les végans), les chercheurs et industriels travaillent sur des alternatives écologiques au cuir qui sont basés sur des résidus végétaux entièrement recyclables.

Prenons le « cuir » de pomme ou appleskin que Maison Bonnamour a choisi, par exemple et qui vient d’Italie. Il est constitué à 50% de pelures de pommes recyclées issues de la région du Tyrol qui sont transformées en poudre que l’on va ajouter ensuite à 50% d’un mélange d’huile végétale de ricin et de poluyréthane. Ce matériau est très résistant et sa texture de cuir grainé, par exemple, fait parfaitement illusion : on dirait vraiment du cuir, même au toucher. Sachez que la production de ce matériau nécessite beaucoup moins d’eau et d’électricité que celle du cuir animal.

Bref, un matériau innovant et durable dont la production a un très faible impact pour la planète et qui, cerise sur le gâteau, est biodégradable. Une bénédiction tant pour le designer que pour le consommateur qui deviennent acteurs de l’économie circulaire en achetant un produit 100% séduisant et écologique. Sans compter qu’il y a quelque chose d’amusant dans le fait de transformer un déchet en matériau précieux !

Autre alternative au cuir animal ou au cuir synthétique : le Piñatex ou « cuir » d’ananas. Il est fabriqué à partir de la feuille d’ananas et son impact environnemental est très limité car il n’a pas besoin d’eau, de produits chimiques ou d’engrais pour être créé. Son aspect nervuré peut toutefois rebuter certains créateurs.

Parmi les autres substituts végétaux au cuir, citons le « cuir » de raisin (Végéa), le « cuir » de maïs, le « cuir » d’eucalyptus, le « cuir » de champignon (Muskin).

Les éco-cuirs du futur

D’autres éco-« cuirs » sortis des cerveaux imaginatifs de certains chercheurs sont en développement à l’ombre des laboratoires, tel que l’éco-cuir artificiel créé à partir de fibres naturelles comme le lin ou le coton mélangé à du maïs, du soja et des huiles végétales. Citons également le « cuir » de kombucha (thé fermenté). Bref, le cuir végan, même si c’est un abus de langage, n’a pas fini de nous surprendre ! A noter qu’un décret définit le cuir comme étant obtenu de la peau animale au moyen, notamment, d’un tannage.

En France, plusieurs marques de l’univers des accessoires de mode ont délibérément fait le choix de matériaux alternatifs au cuir, respectueux des animaux, tels que Maison Bonnamour, Camille ou Ashoka. Gageons que la vision de ces pionniers de la maroquinerie responsable entraînera dans son sillage les poids lourds de la mode française et mondiale.

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